La sobriété numérique

La sobriété, est souvent associé à la consommation d’alcool compulsive, à la pudeur, à une forme de rétention contraignante… Green IT propose la définition suivante de Sobriété numérique : démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et améliorer les usages numériques quotidiens. Cette démarche de sobriété numérique se nourrit d’un certains nombre d’enjeux capitaux, et mérite que l’on s’y attache, car au delà d’un certaine forme de sacrifice, elle consiste avant à retrouver une qualité de vie qui préserve l’environnement ou les relations humaines.

Exemples d’enjeux :

  • Épuisement des ressources
  • Consommation d’énergie
  • Déchets
  • Hyper connexion
  • Obsolescence programmée…

 

Le rôle du cerveau dans le processus de décision entre consommation ou sobriété

Petite synthèse de l’intervention de Sylvie Granon, neurobiologie de la prise de décision, institut des neuro sciences Paris Saclay lors de conférence « La sobriété numérique »

Comment et pourquoi prenons-nous certaines décisions ?

Entre deux options, je donne une valeur à chaque option. Pour cela le cerveau calcule plein de choses, tel que les efforts pour obtenir chaque option. Quelle attente, quelle intensité de plaisir ?

 

Les expériences de notre vie modèlent nos décisions :

Évaluation des options. Comment évaluer la valeur d’option que je ne connais pas ?  Les valeurs sont comparées et les comportements de routine sont inhibés.

Choisir une action génère une émotion, un ressenti. L’apprentissage c’est être capable d’anticiper et de se projeter. Les réseaux cérébraux moteurs des décisions sont liés par la libération de neurotransmetteurs tels que la dopamine qui incite à reproduire nos comportements qui génèrent du plaisir. Idem pour les ressentis négatifs qui vont provoquer l’évitement.

 

Notre cerveau aime automatiser nos actions :

Notre cerveau apprend à coder la valeur des renforcements réels ou fictifs vitaux ou non. Il compare la valeur qu’on accorde aux renforcements et cette échelle de valeur module nos décisions. On apprend à anticiper les renforcements que l’on va recevoir. Lorsqu’on s’attend à recevoir une stimulation agréable, on a une libération de dopamine. Les visages humains sont des renforçateurs naturels. Un visage attractif transfère son attractivité à d’autres éléments neutres de notre environnement, ce qui est très utilisé par la publicité. Tout ce que l’on voit est associé à quelque chose. Ainsi notre cerveau est fait pour automatiser nos actions, apprendre, anticiper, repérer ce qui est répétitif, connu, ce qui va générer du plaisir, si possible intense et immédiat.

Comment reprendre la main sur nos décisions : Notre cerveau n’est pas fixé et se construit de façon incessante. Un re-cablage se fait continuellement en fonction de notre vécu, nos émotions. Ne pas agir simplement par habitude, dans notre zone de confort, permet de considérer toute nos options.

Décryptage des techniques d’influence et manipulation utilisées dans les applications numériques les plus connues.

Mise en évidence des principales techniques d’après l’article de Stéphane Schultz lettre à ma fille de 15 ans

 

Réflexions sur la posture éducative au sein d’une maison d’enfants à caractère social

Exemple de règlement mis en place dans une MECS

La mission première de l’équipe éducative est de protéger les jeunes accueillis des méfaits d’internet, de l’isolement lié à une connexion envahissante et sans contrôle des contenus. Un règlement concernant les appareils portables a été mis en place au sein de la structure, pour tous les enfants équipés d’un téléphone. Les familles sont informées qu’il est inutile d’offrir un portable à leur enfant avant l’âge de quatorze ans. Ensuite les portables sont récupérés la journée et sont rangés dans une armoire sous clé et disponible uniquement à certaines heures selon l’âge des jeunes, leur attitude responsable vis-à-vis de leur scolarité, leur aptitude à gérer ou non leur consommation. De manière générale, le téléphone est remis après que le travail scolaire ait été effectué, vers 18H30, et est restitué à 21H30. Aucun enfant ne passe la nuit avec son téléphone.

Un cycle de sensibilisation

en partenariat avec l’association « e-enfance » sur les dangers du numérique est organisé au sein des locaux de la MECS, ou les enfants sont sensibilisés à l’usage de leur outil et invités à poser toutes les questions qu’ils pourraient se poser.

La place des parents

Les parents sont trop souvent démissionnaires devant la boulimie d’écrans que manifestent leurs enfants. Eux-mêmes sont parfois issus d’une éducation très permissive à ce niveau-là et n’ont pas le recul nécessaire de ce à quoi ils exposent leur enfant*. Les écrans avant trois ans provoquent des retards du langage et de la communication. Les écrans, au-delà des problèmes encore méconnus liés à l’exposition aux ondes, isolent les individus des relations réelles, ne permettent pas de gérer les frustrations, génèrent de l’angoisse et de la dépression. Les développeurs d’application, de réseaux sociaux, d’action commerciales, mettent tout en œuvre pour rendre l’utilisateur captif de leur usage inconsciemment, sachant qu’à la clé, cela leur rapporte toujours plus d’argent, par le biais de la publicité notamment.  Il est urgent qu’une prise de conscience collective s’opère, si l’on veut stopper cette course aveugle qui amène l’humanité et la planète vers un avenir bien sombre.

*Voir la règle 3-6-9-12 de Serge Tisseron